Avenue Chantemesse
2° partie

 

En 1929 la Ville de Paris ouvre, sur l'emplacement des bastions 55, 56 et 57, une avenue d'abord nommée Maréchal-Joffre avant de recevoir en 1933 le nom du maréchal de France Emile Fayolle. On décide d'y construire des immeubles d'habitation et le premier, au numéro 43, l'est en 1935. Les fondations pour les numéros 45 et 47 sont réalisées lorsque commence la guerre de 1939. La Défense passive décide d'utiliser ces sous-sols comme abris et construit à la hâte, à l'angle de l'avenue du Maréchal Fayolle et de l'avenue Chantemesse, une baraque pour y mettre quelques bureaux. Le 14 juin 1940, l'armée allemande entre à Paris. Peu de temps après, elle installe dans ces locaux un poste de commandement de la marine, poste suffisamment important pour justifier la construction de trois blockhaus dont deux existent encore aujourd'hui. A la Libération, c'est la DGER, la Direction Générale d'Exploitation du Renseignement du colonel Passy, qui récupère ces lieux. En 1952 il y aura un nouvel occupant : Paul-Emile Victor.

Avec trois alpinistes Yves Vallette, Robert Pommier et J. A. Martin, Paul-Emile Victor contacte le gouvernement et obtient par le Conseil des ministres du 27 février 1947 de monter des expéditions tant au Groenland qu'en Antarctique.

Paul-Emile Victor organise tout depuis son appartement 22 avenue de la Grande-Armée (17°) et du garage voisin ; il est aidé par le ministère de la Défense nationale pour le matériel, par celui de l'Education nationale, via le CNRS, pour les savants, par l'Académie des sciences pour l'établissement des programmes de recherches et par le ministère des Finances pour les subventions et la gestion financière. Il se procure aussi un dragueur de mines américain qu'il baptise "Commandant Charcot". De 1947 à 1951 toutes les expéditions sont préparées chez lui, mais la place manque cruellement pour entreposer le matériel.

En 1952 la préfecture de la Seine met à sa disposition le bâtiment de la DGER, avenue Chantemesse, et surtout ses immenses sous-sols d'un demi hectare ; un espace qui permet enfin aux Expéditions Polaires Française - Missions Paul-Emile Victor de préparer tout le matériel des expéditions, matériel qui doit être répartis en de nombreux petits colis car, là-bas, il n'y a aucun moyen de transport autre que l'homme. Par la suite, avec l'arrivée des matériels, on fera des containers de trois mètres cubes puis de plus en plus grands. En janvier 1992 les Expéditions Polaires deviennent l'Institut Français pour la Recherche et la Technologie Polaire (IFRTP) et en mars le gouvernement décide de le délocaliser et de l'installer à Brest, ce qui sera réalisé en 1993. Décision absurde puisque les expéditions partent du Havre ! Quant aux Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF), créées par la loi du 6 août 1955 pour administrer la souveraineté française en Terre-Adélie et dans les îles Amsterdam, Saint-Paul, Kerguelen et Crozet, elles sont délocalisées en 1998 sur l'ile de la Réunion, seul reste à Paris, avenue Chantemesse, le service médical en charge du contrôle de l'aptitude physique et psychologique des personnels envoyés en mission ainsi que de la sécurité sanitaire des expéditions, sous la direction du médecin-chef le docteur Claude Bachelard.

Aujourd'hui, le bâtiment abrite, outre le service médical des TAAF, les Expéditions Polaires Française (EPF). Les EPF, qui ont adopté en 1984 le statut d'association, ont pour objet la muséographie des expéditions polaires et surtout leur mémoire depuis le décès de Paul-Emile Victor le 7 mars 1985 ; elles sont présidées par le professeur Jacques Soyer, ancien directeur de l'observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer, et organisent des expositions itinérantes.

Grâce à monsieur Bernard Morlet, secrétaire général des EPF, vous pouvez voir en illustration la formidable organisation de ces expéditions et, ajoute-t-il, " dans le terrain boisé qui s'étend derrière on procédait aux essais de constructions polaires ".

© Hubert DEMORY

Plan des Expéditions Polaires Françaises - Paul-Emile Victor

 

Légende de l'illustration :


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28 - Magasin, salle d'emballage, vivres
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DEUXIEME SOUS-SOL

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