Les cimetières d'Auteuil

 

Notre-Dame d'Auteuil, qui fut érigée en paroisse en 1192, abrite alors, autour d'elle, un cimetière qui reçoit les morts de l'ensemble de la paroisse, c'est-à-dire tout le XVIème arrondissement plus Boulogne-Billancourt. Son emplacement correspond à peu près à une partie de la place d'Auteuil et de la rue Wilhem. En 1343, Notre-Dame de Boulogne-sur-Seine est détachée d'Auteuil et érigée en paroisse ; elle crée alors son propre cimetière. En 1671, il en est de même avec Notre-Dame de Grâce de Passy. Depuis cette date, le cimetière d'Auteuil est réservé aux décès d'Auteuil, du Point-du-Jour et de Billancourt. Le 10 mars 1776, Louis XVI ordonne le déplacement des cimetières situés près des habitations ; mais cela coûte trop cher pour la fabrique et on attend.

Le 17 mars 1800, Le Couteulx de Canteleu, sénateur et propriétaire du château du Coq, fait donation aux habitants d'Auteuil de 50 perches [1.708 m²] de terrain à prendre dans une grande pièce contenant 100 perches, sise au canton dit Chauds Cailloux. Le 25 avril 1800, Benoît, agent municipal, prend officiellement possession du terrain au nom de la commune. Ce nouveau cimetière, aujourd'hui rue Claude Lorrain, est inauguré le 20 fructidor an VIII [9 septembre 1800] et la première inhumation, celle d'un enfant, a lieu le 12 septembre suivant. Ne pouvant plus être inhumées en caveau particulier dans l'église, les familles demandent des concessions privées ; certes cela permet de payer la construction du mur de clôture, mais très vite la surface du cimetière devient insuffisante.

Le 3 novembre 1807, par acte passé devant Me Pance, notaire à Boulogne, Le Couteulx de Canteleu réalise la promesse que depuis longtemps il avait faite à Benoît et donne aux habitants d'Auteuil "17 ares 8 centiares de la terre sise au même lieu dit Chauds Cailloux, tenant du nord aux 17 ares 8 centiares précédemment donnés, du levant à Marie Michelle Toutain, veuve d'André Noblet, du couchant au sentier Tartois et du midi au donateur". Le 30 janvier 1808, le conseil municipal vend aux sieurs Sabatier et Goupil les terrains de l'ancienne ruelle de la Procession, enclavée dans leur propriété, ce qui permet de terminer le premier agrandissement du cimetière "sans donner lieu à aucune dépense envers la commune".

En 1841, on envisage à nouveau d'agrandir le cimetière ; comme les fonds manquent le conseil municipal du 28 novembre 1841 décide, également pour financer des trottoirs et l'éclairage public, de créer un octroi communal de 50 centimes par hectolitre de bière ou de cidre et de maintenir en permanence la hausse de 15 centimes de l'octroi sur le vin qui avait été votée en 1836 pour 4 ans seulement à compter de 1837. Lors du conseil du 3 mars 1843, le maire J.V. Molin annonce que le terrain disponible "soit pour les concessions soit pour la fosse commune est à peine égal au sol dont il a été disposé l'année dernière". On procède actuellement à un relèvement des corps tous les 8 ans, mais l'état des cadavres ne permet pas d'abréger ce délai. Le maire propose d'agrandir le cimetière sur le côté gauche de la porte d'entrée en achetant 35 ares 37 centiares appartenant à MM Lebert, Noblet, Noblet et Morin. Il faudra procéder par expropriation pour cause d'utilité publique car les propriétaires demandent un prix trop élevé. Le conseil vote aussi la construction d'un local destiné à l'habitation du gardien. Le coût total, estimé à 12.665,65 F, sera financé par une hausse de 25 centimes de l'octroi par hectolitre de vin et de 1 F par hectolitre d'alcool plus une surimposition de 5 centimes pendant trois ans.

L'ordonnance royale du 10 mai 1845 déclare d'utilité publique l'agrandissement du cimetière d'Auteuil et autorise la commune à acquérir les quatre parcelles de terrains contenant ensemble 35 ares 37 centiares, au prix de 150 F l'are soit un total de 5.305,50 F. Offre est faite à ce prix "1/ aux héritiers Morin, 2/ à Isidore Lebert, 3/ à Jean Charles Noblet, 4/ à Simon Pierre Noblet" ; tous refusent le 13 juin 1845 considérant l'offre insuffisante.. Il faut donc procéder à l'expropriation. Toutefois Isidore Lebert, qui possède 26 ares 5 centiares, se verra remettre une indemnité supplémentaire de 1.302,50 F pour perte de la jouissance de ce terrain "servant d'étendoir de blanchisseur". Le 18 octobre 1846, Durand, nouveau maire d'Auteuil, fait voter un complément au crédit de 12.655,50 F voté le 3 mars 1843, car le coût total est de 15.726,65 F (terrains : 8.376,50 F ; travaux : 7.350,15 F) plus 800 F pour l'établissement d'un puits au milieu du cimetière. Le deuxième et dernier agrandissement du cimetière d'Auteuil est achevé.

Après l'annexion de 1860, le cimetière servira encore quelques années pour des inhumations temporaires et gratuites d'une partie du XVIème arrondissement. A partir de 1870 il sera entièrement réservé aux familles possédant une concession perpétuelle, lorsque la place le permet.

© Hubert DEMORY

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