Morceaux choisis

 

Au cours des recherches, on trouve souvent des informations qui n'ont rien à voir avec le thème travaillé et, malgré leur intérêt, ne justifient pas un article d'autant plus que, parfois, elles n'ont pas un rapport direct avec notre arrondissement. Permettez-moi cependant de vous en présenter quelques unes rassemblées en un bouquet champêtre de petites fleurs historiques.

I - Cueillies dans le Recueil des actes administratifs de la préfecture de la Seine.

- Décret de Jules Grévy du 2 mai 1881

" Vu la délibération par laquelle le Conseil Municipal de Paris a émis le voeu que le nom de " Victor Hugo " soit donné à une voie publique de cette ville ...
décrète :
1 - L'avenue d'Eylau, dans la partie comprise entre la place d'Eylau et l'avenue du Trocadéro, prendra le nom d'avenue Victor Hugo. "

Anciennement rond-point de la Plaine, la place d'Eylau, qui a donné son nom à la paroisse Saint-Honoré d'Eylau, a pris le nom de place Victor Hugo le 9 décembre 1885 ; l'avenue du Trocadéro, jadis avenue de l'Empereur, est devenue avenue Henri-Martin le 10 novembre 1885. Enfin, notons que c'est par l'arrêté du 9 décembre 1885 que fut dénommée l'actuelle avenue Victor Hugo en ajoutant l'ancienne avenue de Saint-Cloud, partie comprise aujourd'hui entre la place Victor-Hugo et l'Etoile. Je profite de cette occasion pour déplorer l'abandon systématique de l'appellation " rond-point ", qui avait un sens très précis, pour l'appellation imprécise de " place " et, qui plus est, à une époque où l'on transforme tous les croisements supposés dangereux en carrefours circulaires. S'il vous plaît, monsieur le Maire, rendez-nous nos rond-points !

- Arrêté de F. Hérald, préfet, du 6 mai 1881

" Vu le décret du 2 mai 1881 ;
Considérant que l'espace circonscrit par l'avenue Victor Hugo, la rue Mignard, l'avenue du Trocadéro et la rue Spontini dans la partie de cette rue comprise entre l'avenue du Trocadéro et l'avenue Victor Hugo forme une véritable place, à laquelle il convient d'attribuer le nom de Victor Hugo en raison de sa situation par rapport à l'avenue du même nom,
arrête :
1 - La place située entre l'avenue Victor Hugo et l'avenue du Trocadéro, d'une part, la rue Mignard et la rue Spontini, d'autre part, prendra le nom de place Victor Hugo.
2 - La partie de la rue Spontini comprise entre l'avenue du Trocadéro et la rue de la Tour prendra le nom de Mignard. "

Cette place Victor Hugo correspond aujourd'hui au square Lamartine.
Arrêté de F. Hérald, préfet, du 16 août 1881

" Vu l'arrêté qui donne le nom de Bitche ( qui rappelle la vaillante défense de cette place forte en 1871 ) à la place de l'Eglise ( 19° arrondissement ) ...
Considérant que la partie du 16° arrondissement où cette place est située, est habitée par un grand nombre d'Américains ; qu'il convient à tous égards de faire choix d'un nom se rapportant à la grande République américaine que des liens d'amitié séculaire unissent à la France,
arrête :
1 - La place actuellement dénommée place de Bitche dans le 16° arrondissement prendra le nom de place des Etats-Unis."

Rappelons que cette place fut créée à l'emplacement des anciens réservoirs de Chaillot.

On peut aussi citer que c'est en 1879 que l'avenue du roi de Rome prit le nom d'avenue Kléber, la rue Bouillé : rue Duban et la rue de la Municipalité : rue du Point du Jour.

II - Cueillie dans le Monde Illustré du 7 novembre 1857.

Voici un extrait d'un article de Curiame ( à propos de ce qui deviendra, 140 ans plus tard, Eurotunnel, dont le siège social est dans notre 16° ) intitulé " Chemin de fer sous-marin entre la France et l'Angleterre ".

" Que d'études à faire et de difficultés à vaincre ! On en peut juger par les détails que nous allons donner sur l'un des projets proposés, et dont l'auteur est M. William Austin, ingénieur Anglais. Ce projet consiste dans l'établissement d'un chemin de fer permanent, s'étendant sous la mer entre les côtes de Douvres et celles de Calais, sur une longueur de 22 milles ( 35 Km 398 ), et relié de chaque côté aux différentes lignes de railways anglais et français. Une triple voie doit être formée de 3 galeries muraillées ayant une section ovale, et construites avec des matériaux de choix d'une solidité à toute épreuve et insensibles à l'action de l'humidité...

Le premier travail consistera donc à forer un puits sur chaque rive et à relier ces 2 puits par 3 galeries qui, partant du pied de chacun d'eux, viendront se réunir en un sommet commun. On conçoit la délicatesse d'une pareille exécution, puisqu'il s'agit d'entreprendre le tunnel par les 2 bouts pour arriver au point de rencontre.

Chacune des 3 voûtes qui formeront le tunnel doit recevoir une double ligne de rails pour le service des trains " express ", des trains ordinaires et des trains de marchandises. Un espace suffisant sera réservé aux chemins de service, et les fils électriques seront établis au centre et dans une position qui en rendra l'accès facile...

Ainsi, pendant que les bâtiments à vapeur et à voiles auront à lutter, comme il arrive souvent, contre les tempêtes qui leur font éprouver de fortes avaries, sous le lit de cette mer en fureur passeront des convois entraînés librement par toute la vitesse de leur machines ! "

Trois tunnels, comme aujourd'hui. L'un des premiers projets, en 1802, est dû à Albert Favier, ingénieur français, qui proposait un tunnel dans lequel circuleraient des voitures tirées par des chevaux, l'éclairage étant assuré par des lampes à huile et la ventilation par des cheminées, qui pourraient servir de phares, comme le présente le dessin ci-contre.

III - Cueillie dans Le Petit Journal du 4 février 1883.

" Un véritable ouragan s'est abattu sur Paris dans la soirée du jeudi 1° au vendredi 2 février. Le vent du nord-ouest a soufflé en rafales et avec une violence telle que les passants avaient de la peine à circuler, surtout à travers les grandes places. Il y a eu nombre de cheminées renversées, d'ardoises emportées, de vitres cassées, d'arbres débranchés et déracinés. Les accidents sont aussi multiples. Bien des personnes renversées ont été plus ou moins blessées et une a été tuée.

Un des vitrages des Halles-Centrales a été brisé et un des vendeurs blessé par des éclats. 118 rue d'Aboukir, une cheminée d'usine est tombée sur le vitrage de la cour ... A 11 heures du matin, place de l'Alma, la porte en bois d'un magasin a été enlevée et s'est brisée contre un banc de l'avenue. Le cocher Charles Hennery a été renversé par les débris de cette porte, et a reçu une forte contusion à l'épaule gauche...

A 10 heures 15 dans une maison en construction à la villa Caprice, dans le 16° arrondissement, un maçon, nommé Pierrot, âgé de 66 ans, a été grièvement blessé à la tête par une planche détachée d'un échafaudage...

Du coin de la rue de la Paix à l'autre côté de la place de l'Opéra, on a vu voltiger des billets de banque : 3 de 100 F et 1 de 50 F. Ils ont été remis au commissariat de police de la rue de Provence."


En conclusion, on peut dire que bien des événements nouveaux aujourd'hui ont déjà existé ou été imaginés autrefois. Alors soyons modestes ; tous les superlatifs utilisés pour décrire la tempête qui a traversé Paris le 26 décembre 1999, à 7 heures du matin, prouvent seulement que les rédacteurs de ces articles ne connaissent pas leur histoire locale.

© Hubert DEMORY

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