L'abbaye royale de Longchamp

 

L'abbaye de Longchamp fut fondée en 1255 par Isabelle de France, soeur de Saint-Louis, en bordure de la Seine dans la forêt de Rouvray (Bois de Boulogne) sur la paroisse d'Auteuil.

La première pierre fut posée le 10 juin 1256 par Saint-Louis et le couvent achevé en 1259. Les premières religieuses vinrent de l'abbaye des Filles de Saint-Damien d'Assise (ordre de Sainte-Claire), à Reims, et s'installèrent le 23 juin 1260.

Comme les religieuses se gouvernaient elles-mêmes, les élues devaient souvent souscrire à des concessions, à des adoucissements de la discipline, au besoin à payer tout ou partie des dettes de la communauté et employer tout ou partie de leur fortune aux réparations de l'abbaye. Ce fut l'origine du relâchement de la règle rédigée par Isabelle de France.

Les fêtes religieuses de Longchamp étaient célébrées avec éclat, et comme il était de bon ton d'aller prier sur le tombeau de Sainte-Isabelle, tout ce que Paris comptait de nobles et de gens aisés suivaient ces fêtes, les femmes y faisant étalage de richesses. Cela atteint son apogée lorsque mademoiselle Le Maure, cantatrice célèbre de l'Opéra, décida de prendre le voile à Longchamp. Tout le monde se précipita pour l'entendre et il y eut dans l'église une telle affluence que l'on ne pouvait fermer les portes. Lorsque mademoiselle Le Maure quitta l'abbaye, l'habitude persista et l'abbaye recruta des chanteurs jusque dans les choeurs de l'Opéra, sous prétexte de donner des concerts spirituels, en réalité pour perpétuer une vogue qui lui rapportait de splendides aumônes. Le scandale devint si grand, certaines quêteuses se montrant en des ajustement peu propres à exciter la dévotion, que l'évêque de Paris, mécontent que la foule se rendit à une église comme à un théâtre, fit fermer les portes de Longchamp. Mais le public continua à venir faire le tour de l'abbaye, étalant robes, bijoux et dentelles tandis que les gentilshommes, à cheval, saluaient les femmes nobles ... et les femmes galantes. Les chroniques de l'époque Louis XV et Louis XVI ne tarissent pas sur le luxe qui se déployait à la promenade de Longchamp.

Le Directoire de Saint-Denis ordonna l'expulsion des soeurs de l'abbaye de Longchamp pour le 1° octobre 1792 et, le 17 décembre 1792, fit saisir les objets de valeur et les bijoux qui étaient à Longchamp, et les vendirent. En 1794, les bâtiments du monastère furent mis en vente ; n'ayant pas trouvé d'acquéreur, vu leur état, ils furent démolis. En 1856, l'enclos et les dépendances de Longchamp furent réunis au bois de Boulogne. En 1857, la grange fut démolie ainsi que les bâtiments de la ferme et ce qui restait du mur d'enceinte. Seuls restaient debout le vieux colombier, transformé en 1858 en donjon crénelé, et le moulin. Une fois encore regrettons la folie destructrice de la Révolution.

© Hubert DEMORY

 

RETOUR