2000 ou 2001

 


Lorsqu'il évoque les répétitions de chants que faisait Maria Callas en son domicile, à l'angle de la rue des Sablons et de l'avenue Georges Mandel, monsieur Taittinger aime à rappeler que " comme toujours depuis les gaulois " 50 % des voisins estimaient être des privilégiés et 50 % se plaignaient du trouble de voisinage. La France est toujours coupée en deux au moindre prétexte ; aujourd'hui c'est le début du troisième millénaire : 1er janvier 2000 ou 1er janvier 2001 ?

Pour vous aider à trouver votre propre réponse à cette douloureuse énigme, je vous propose de revoir l'origine des calendriers utilisés en France.

Le calendrier grégorien

Vers l'an 330 après Jésus-Christ (selon notre calendrier) il a été décidé de célébrer Noël le 25 décembre et non plus le 6 janvier, date retenue pour l'arrivée des mages. C'est sur cette base qu'en 532 le moine Denys le Petit proposa à l'Eglise de compter les années à partir du 1er janvier qui suit la naissance de Jésus. Le 1er janvier 754 du calendrier romain devint donc le 1er janvier de l'an 1 de l'ère chrétienne. L'an zéro n'existant pas, Jésus est donc né le 25 décembre de l'an moins un avant Jésus-Christ. Ce calendrier fut adopté en France au VIII° siècle.

Ainsi que le rapportent Dominique et Michèle Frémy dans le "Quid", la date de changement du millésime de l'année se faisait entre le 25 décembre et le 31 mars selon les traditions ; c'est par l'édit de Roussillon ( 9.8.1564 ) que Charles IX choisit le 1er janvier ; l'année 1564 commencée le 1er avril 1564 s'acheva le 31 décembre et ne dura donc que neuf mois.

La durée de l'année calculée par Denys le Petit n'étant pas assez précise, le pape Grégoire XIII décréta qu'en l'an 1582 on supprimerait 10 jours au calendrier : le jeudi 4 octobre 1582 fut suivi du vendredi 15 octobre 1582. Il décida aussi que l'année bissextile s'appliquerait tous les 4 siècles, lorsque l'année est divisible par 400. L'an 2000 sera donc exceptionnellement bissextile. (A noter que les années divisibles par 4000 ne sont pas bissextiles ; mais nous n'aurons pas l'occasion d'en reparler). Enfin précisons que l'année actuelle dure 365 jours, 5 heures, 48 minutes et 46 secondes et qu'elle perd une demi seconde tous les siècles à cause du ralentissement de la rotation de la Terre.

Ce petit rappel montre clairement que l'an zéro n'ayant pas existé, c'est au 1er janvier 2001 que débutera le 3° millénaire.

Le calendrier républicain

Officiellement adopté le 24 octobre 1793, il commence le 3 Brumaire an II, fixant ainsi son origine au 22 septembre 1792, c'est à dire le 1er Vendémiaire de l'an I et non pas de l'an zéro. Ici aussi l'an zéro n'existe pas. Pour information : le 31 décembre 1999 sera le 10 Nivose CCVIII. ( Il n'y a pas de quoi faire la fête ! )


Conclusion

Comme nous le montre ces deux approches historiques, les calendriers commencent tous en l'an 1 alors que nous avons l'habitude, pour les anniversaires, de commencer en l'an zéro. C'est là une déformation de notre vocabulaire : nous devrions dire que nous sommes dans la 1999° année après la naissance de Jésus-Christ et non de croire qu'au 1er janvier dernier Jésus aurait eu 1999 ans.

Tout ceci peut paraître un peu scientifique alors que le commun des mortels s'attache au graphisme des nombres : la remise à zéro des compteurs ( 1999 à 2000 ) est un événement visuel alors que l'entrée dans une nouvelle série ( 2000 à 2001 ) n'est pas un événement visuel ; et pourtant tout le monde accepte de dire que la première dizaine finit à 10 et la seconde commence à 11.

En conclusion, je dirais : fêtons, le 31 décembre 1999, l'entrée dans l'an 2000 ; et, le 31 décembre 2000, l'entrée dans le nouveau millénaire. Ce ne sont pas les commerçants, les restaurateurs, etc. qui me contrediront et cela réconciliera, pour une fois, les gaulois, pardon je veux dire : les français.

© Hubert DEMORY

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